Ce fut à l'approche de l'heure.
De l'heure incompréhensible, amorphe et abstraite.
De l'heure qui sera, qui est et qui n'est déjà plus, tout à la fois.
De l'heure qui condense, qui élude le passé autant qu'il annonce, prélude à l'avenir.
Ce fut à l'approche de l'heure.
Un croissant trempait alors déjà dans un café-nuit ; d'une nuit noire presque bleu, qui vaporisait dans l'air une étrange sensation de matin-crême pour un oeil trop proche du coeur.
J'étais, je vous l'avoue, dans ce café devenu bleu où un nuage comme un torrent de soie m'avait caressé la joue.
Fraîchement, je m'en habillais après avoir grignoté un dernier morceau de lune par gourmandise.
L'envie me pris, ne me demandez pas pourquoi, de regarder par la fenêtre: j'y vit un ange marcher sur je ne sais quel pavé rose où poussaient, accrochées à de longues arabesques bariolées, des clochettes comme des rires, partout où celui-ci posait son regard. Cet ange, en robe blanche, blanche et bleu, agitait dans l'air ses cheveux de blés, dispersant quelques débris d'étoiles qui vinrent se cacher dans mon nuage en attendant de pouvoir rejoindre le café.
Ce fut à l'approche de l'heure.
Et la porte me faisait face.
Je dû quitter le seuil.
L'heure laissant la place à la suivante.
Ce fut à l’aube de cette nouvelle heure.
Un couloir d’une inexplicable rougeur verte decrivait une spirale jusqu’à la sortie vers la pale lumière bleu. Toujours habillée de mon nuage, me voila que j’avance, comme flottant dessus puis dessous le couloir à cause de cette spirale qui n’en finit pas.
Surgissant de nulle part, apparaît une masse noir devant moi.
Ce fut l’aube de cette nouvelle heure.
Il était là.